Il y a quelques jours de cela, l’un de mes contacts est venu m’interroger sur Facebook au sujet des motivations m’avaient incité à outrepasser les recommandations traditionnelles de silence à l’égard de nos pratiques et à communiquer ouvertement au travers de livres, de conférences, de vidéos et d’articles. Après réflexion, je me suis dit qu’il pourrait être intéressant de le relater également sur le blog, non seulement pour que mes lecteurs puissent mieux appréhender mes motivations, mais aussi, peut-être, pour amener à réfléchir plus sérieusement sur cette question qui continue encore aujourd’hui de faire débat et de diviser.
Parlons peu parlons bien.
Il y a eu plusieurs raisons qui m’ont amené à dépasser les classiques recommandations de « loi du silence ».
Déjà, question de tempérament.
Bon évidemment, ça ne surprendra personne, le fait d’être un chieur et un râleur invétéré de base a forcément joué un rôle ^_^
Mais j’aime aussi échanger et discuter de tout, y compris de ces sujets, librement. J’estime qu’on ne peut pas avancer sainement en étant replié sur soi même, au risque de tomber dans le dogmatisme et les certitudes mal placées qui agissent alors comme de véritables oeillères nous empêchant de découvrir le monde pour ce qu’il est vraiment. L’échange, le partage, la discussion, permettent de s’ouvrir l’esprit, d’envisager de nouveaux horizons et de nouvelles possibilités. Libre à chacun ensuite de les explorer ou non, mais le simple fait de savoir que ces possibilités existent est déjà d’une importance capitale dans notre cheminement de vie.
Au demeurant, dans la vie quotidienne de chef d’entreprise ou dans n’importe quel projet que l’on peut mener, on prend naturellement l’habitude d’échanger avec les autres, de demander leur avis, leurs critiques, leurs idées concernant des sujets qui nous touchent de près et auxquels nous nous consacrons pleinement. Car à force d’avoir la tête dans le guidon, on sait pertinemment que l’on n’est plus capable d’être objectif.
Et bien c’est à mon sens exactement la même chose en ésotérisme.
Voilà les premières motivations qui ont été les miennes.
Ensuite, il y a eu une autre raison.
Il y a une petite dizaine d’années, alors que je travaillais encore avec les groupes de recherche américains et anglais, je suis tombé sur un livre (français) de Georges Muchery datant du début/milieu du 20ème siècle.
En soit, le livre était intéressant sans être fantastique car il livrait assez peu d’infos nouvelles ou de contenu vraiment novateur, mais quelque part, sur quelques pages à peine, il parlait des expériences menées par une association française de parapsychologie dont il faisait partie. Et ses conclusions étaient non seulement pertinentes, mais aussi semblables à celles que nous avions nous-mêmes obtenus au cours de certaines recherches, prouvant que son association à l’époque avait elle aussi mené de vraies recherches de fond. Il parlait aussi d’outils qu’ils avaient découvert pour mesurer certaines capacités énergétiques et qui semblait donner d’excellents résultats.
Une véritable innovation de métrologie ! Absolument génial quoi, surtout dans un domaine où il est si compliqué d’obtenir des valeurs fiables et précises !!
Sauf que voilà. En faisant davantage de recherches, je me suis rendu compte que rien n’a jamais été communiqué, rien n’est jamais sorti de leur association et tout semble avoir été perdu. Peut-être reste-t-il quelques infos à droite à gauche, ou des bribes de savoir sauvegardés par quelques-uns qui auront épargné à ces documents un destin tragique. Mais pour mr. tout le monde, y compris pour les chercheurs modernes (et donc, y compris pour tous ceux qui prônent eux-mêmes le silence), rien n’est plus accessible, tout semble avoir été perdu et on ne trouve même plus de trace d’existence de cette association, car rien n’a été conservé. Le jour où pour X raison les chemins se séparent ou les gens disparaissent, tout ce qu’ils avaient fait est perdu avec eux.
10 ou 20 ans d’études perdues, 10 ou 20 ans à recommencer intégralement à cause de cette logique délétère et pseudo-élitiste consistant à croire qu’il ne faut pas communiquer, sauf entre initiés du même niveau, comme si quelques-uns étaient plus « dignes » que les autres d’avoir accès au savoir.
Cela me rappelle à ce sujet cette vidéo de 1964 sur le droit d’accès à la lecture et à la culture :
Bref.
Si à toutes les époques, la science avait agit ainsi, en conservant les informations, en les cachant du public et par extension des autres chercheurs, nous serions resté dans une époque obscurantiste, et c’est hélas ce qui existe encore en ésotérisme où les dogmes et les certitudes mal placées sont si fortement implantés qu’ils en sont pratiquement inébranlables, justement parce qu’on ne communique pas.
Cela a été un véritable électrochoc pour moi, et depuis je partage un peu tout librement, sans me soucier des qu’en-dira-t-on.
Certains diront qu’il faut être prudent dans ce que l’on communique car les gens ne sont pas forcément ouverts sur la question et peuvent se retourner contre nous. C’est vrai, mais être prudent ne signifie pas se fermer complètement. On ne peut pas parler de tout avec tout le monde, ou plutôt, on ne peut pas parler de la même manière à tout le monde. Il est évident que l’angle d’attaque d’un sujet au cours d’une discussion avec un praticien en magie n’a rien à voir avec celui choisi dans une discussion avec un scientifique réfractaire, ou avec des gens qui n’y connaissent rien et ont peur de nos disciplines. Mais ceci est aussi vrai pour des milliers d’autres sujets. Si vous êtes militants, parlerez-vous de politique de la même manière avec tout le monde au risque de provoquer des esclandres ? Si vous êtes végétarien ou végan, parlerez-vous de ce sujet de la même manière à tout le monde, au risque d’être mis au ban ou d’être jugé « agressif » ? Non, vous choisirez ce que vous pouvez dire et quelle quantité d’informations vous pourrez livrer en fonction de, mais vous n’aurez pas pour autant le besoin de vous cacher complètement pour rester entre seuls adeptes de la pensée unique.
On me reproche parfois d’en dire trop (parfois même beaucoup trop…), mais j’ai remarqué que ceux qui se plaignent de ça sont ceux qui ont déjà un niveau réellement très avancé, qui savent lire entre les lignes et perçoivent tout ce qu’il y a à percevoir sur parfois plusieurs niveaux de signification. Le « grand public » lui, qui survole, lit mais ne s’implique pas en pratiquant, en testant, en expérimentant pour vérifier ou qui manque simplement de pratique, ne comprend qu’une petite portion de l’ensemble et a parfois l’impression qu’il n’y a pas grand chose de dit en plus. (ça c’est beaucoup vu avec la voie du mage, où les praticiens ayant suivi ce genre d’entraînement et comprenant la portée de chaque exercice m’ont pas mal reproché d’en dire autant, alors que ceux qui n’ont fait que lire sans le mettre en pratique ont eu l’impression d’une simple redite d’exos ressemblant pour certains à d’autres déjà existants ^_^ )
Et c’est très bien ainsi, ça fait que ceux qui ont des choses à prendre peuvent les prendre, et ceux qui pensent déjà tout savoir passent à côté du fond.
Ce qui prouve qu’au final, le « silence » dans nos disciplines est une bêtise. On peut communiquer, être compris de tous, sans pour autant « dévoiler » à celui qui ne se foule pas pour comprendre. Ainsi personne n’a accès à « tout » (ou à trop) sans avoir pris la peine de mettre les mains dans le cambouis. Mais en communiquant, en transmettant, en laissant une trace, malgré tout, rien n’est perdu.
Voilà ce qui me motive à écrire et globalement à communiquer sur tous ces sujets.
Et puis, bien sûr, dernier point (non des moindres), le plaisir de savoir que cela peut être utile à d’autres. Chaque fois que je reçois un message qui me dit que mon travail a été utile à quelqu’un, l’a aidé à remettre en question ses certitudes, à dépasser ses craintes, à découvrir de nouvelles choses, à explorer de nouvelles possibilités et de nouveaux horizons… cela vaut pour moi tout l’or du monde ! Car quelle plus belle récompense que celle-là ?
Bref, merci à tous qui me lisez, que ce soit au travers du blog, au travers des livres, au travers des vidéos, au travers des conférences et des ateliers.
Vous donnez du sens à tout ce que je fais depuis des années et je vous en suis infiniment reconnaissant !
Bonjour,
Bravo pour cet article ( je ne l’avais pas encore lu ).
Je voulais savoir si vous comptiez rajouter de nouvels articles prochainement car j’adore cela.
Merci de votre retour !
Au fur et à mesure oui, celui-ci par exemple est sorti courant septembre
Mais écrire me prend pas mal de temps, et étant très occupé, il m’est difficile d’y consacrer beaucoup de temps, ce qui explique l’intervalle parfois long entre la sortie de 2 articles
Oui je comprends, c’est vrai qu’écrire un article prend beaucoup de temps, j’ai le même problème de mon côté car cela demande une certaine rigueur pour que l’article puisse apporter une vraie plus-value.
Bonjour Arnaud. Vous êtes si sympa qu’on a envie de vous poser plein de questions.
J’avoue ne pas saisir la posture de la panergologie.
Elle se fonde, dites-vous, sur le postulat de l’existence de l’invisible. Voilà qui lui interdit radicalement et définitivement toute démarche scientifique, la science se cantonnant au visible pour abandonner l’invisible à la métaphysique. Pour la science, qui, par définition, ne peut se passer d’un champ d’observation, il n’existe pas d’objet invisible. Le boson de Higgs, par exemple n’a existé qu’à partir du moment où l’accélérateur de particules l’a rendu observable. Avant, il n’était qu’hypothétique, ainsi que les théories et modèles découlant de cette hypothèse.
Dès lors que la panergologie prend pour objet ce qui ne relève pas du phénomène (l’invisible intangible) elle ne peut revendiquer atteindre la vérité sur cet objet par des méthodes scientifiques. Partant, chacun est légitime à trouver cette vérité où bon lui semble. Et Arnaud Thuly, aussi adorable soit-il, n’a encore pas clairement indiqué d’où il tient son autorité à démêler le faux du vrai en la « matière ». J’espère sa réponse, car qui n’a pas envie de s’en remettre à un si gentil garçon?