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Continuons notre petit tour d’horizon des livres sur les encens (et plus largement tous les parfums) aujourd’hui, avec un ouvrage simplement exceptionnel au programme. Jusqu’à maintenant, j’ai principalement traité d’ouvrages « pratiques », comprenez des ouvrages sur le thème des encens ayant vocation à être utilisés dans vos pratiques magiques. Mais le gros problèmes de tels ouvrages, c’est que si ils ont vocation à donner des listes d’usages des diverses résines, ils ne mettent finalement que peu en relation avec l’histoire de l’encens. Quelques exceptions notables comme le livre « le guide de l’encens » de Suzanne Fischer Rizzi offrent un tour d’horizon intéressant de l’usage des fumigations au sein de diverses traditions, mais l’aspect historique laisse le plus souvent sur sa faim car le sujet est traité relativement rapidement et avec parfois des erreurs assez flagrantes.
Mais l’ouvrage que nous allons découvrir aujourd’hui est bien loin de ceux-là, avec un travail de fond comme il en existe peu en langue française, j’ai nommé Parfums de l’Antiquité : La rose et l’encens en méditerranée, écrit par un impressionnant collectif d’historiens et d’archéologues, paru en 2008 au Musée royal de Mariemont.
J’ai eu le plaisir d’acheter cet ouvrage il y a quelques mois de cela. Il a été réalisé en 2008 pour accompagner une magnifique exposition au musée royal de Mariemont consacré à l’usage des parfums et des encens dans l’antiquité du bassin méditerranéen. J’apprécie les livres (surtout quand ils sont bons) et l’intégralité de mon budget « loisir » part chaque mois dans l’achat de nouveaux ouvrages. Si la plupart ne me laissent pas un souvenir impérissable (loin s’en faut…) il en est parfois dont c’est tout l’inverse, et que je reviens régulièrement consulter juste pour le plaisir.
Et clairement, cet ouvrage en fait partie.
4ème de Couverture :
Pour ceux qui ne pourront pas se déplacer pour visiter l’exposition, Parfums de l’Antiquité. La rose et l’encens en Méditerranée, Au musée royal de Mariemont (Belgique) qui se déroule jusqu’au 30 novembre 2008, le catalogue qui vient de paraître :
Vous y découvrirez les pouvoirs et les mystères des senteurs antiques, vous emportant dans une promenade odorante de la Grèce et des rives orientales de la Méditerranée jusqu’en Étrurie et en Gaule, en passant par Athènes, Alexandrie et Rome.
Cet ouvrage de premier plan comporte de nombreux articles de fond ainsi que les notices relatives aux objets présentés dans l’exposition.
Sommaire :
Préface de Claude Mossé
Introduction : Montrer le parfum de A. Verbanck-Pierard et N. Massar
I. A la recherche des parfums antiques
A. Lallemand, L’imaginaire des parfums dans la littérature antique, d’Homère à Ovide
A. Lallemand, Le vocabulaire des parfums
B. Nicolas-Duval, La formule des parfums antiques : Une affaire de nez ?
N. Garnier et D. Frère, Une archéologie de l’évanescent
II. Les antécédents : les traditions à l’Age du bronze
M.-C. Bruwier, Essences et renaissance en Egypte pharaonique
E. Dodinet, Huiles et onguents parfumés dans le monde grec à l’Age du bronze
III. De la Grèce à l’Est de l’Etrurie : raffinement des formes et des couleurs
J. Gran-Aymerich, Les Etrusques, la Méditerranée occidentale et les vases à parfum
V. Belleli, Le parfum dans les tombes orientalisantes étrusques
D. Briquel, Les inscriptions portées sur les vases à parfum étrusques
J. –R. Jannot, En Étrurie, le parfum représenté
J. – P. Thuillier, Huile et sport en Etrurie
L. Hugot, Les Etrusques et l’encens
IV. Athènes archaïque et classique
I. Algrain, T. Brisart et C. Jubier-Galinier, Les vases à parfums à Athènes aux époques archaïque et classique
L. Bodiou et V. Mehl, Parfums de passage : naissance, mariage et funérailles en pays grec
A. Lallemand, le marché à parfum à Athènes à l’époque classique
L. Bruit Zaidman, Les parfums et l’encens dans les offrandes et les sacrifices
N. Massar, Les Thymiatèria dans le monde grec : état des lieux
A. Verbanck-Piérard, Adonis et Phaon, ou la séduction rêvée des images du Peintre de Meidias
V. La Méditerranée hellénistique
N. Massar, Vases à parfum de l’époque hellénistique : de la production courante au luxe raffiné
L. Totelin, Parfums et huiles parfumées en médecine
J. -P. Brun, Parfumerie et parfumeurs aux époques hellénistiques
J. -P. Brun, Une parfumerie à Délos à la fin de l’époque hellénistique
M. Iozzo, La Tombe de la « Bella Signora » de Chiusi
A. Martelli, l’alabastre de la Tombe de la « Bella Signora » de Chiusi
VI. L’épopée impériale : Rome et ses provinces
E. Dubois-Pelerin, Parfum et luxe à Rome
G. Guillaume-Coirier, Sentences artificielles et senteurs naturelles : parfums et couronnes dans « le Banquet de Trimalcion »
G. Guillaume-Coirier, La « couronnette » de la mariée romaine : un ornement qui n’est pas un
M. – T. Raepsaet et F. Alle, Les métiers du parfum à Rome : le témoignage des sources épigraphiques
A. Devroe, Du bon usage des parfums à l’époque romaine
J. –P. Thuillier, Huile et sport à Rome. Du gymnase aux thermes
C. Massart, Les objets et les produits de toilette dans les tombes de l’élite gallo-romaine tongre
A. D’Hautcourt, Les romains et le commerce des aromates dans l’Océan Indien
VII. Autour de l’encens : l’héritage païen et les chrétiens
O. de Bruyn, Du parfum de plaisir à l’odeur de vertu. Les senteurs de jardins de l’Antiquité tardive
A. Lallemand, l’encens et le christianisme, du Ier au Ive siècle ap. J.-C.
C. Gauthier, l’encens dans la liturgie chrétienne du haut Moyen âge occidental
Cartes
Catalogue
Bibliographie générale
Mon Avis :
La première remarque que l’on peut faire sur cet ouvrage, est qu’il est superbe. Dans un format 27*22cm et du haut de ses 488 pages magnifiquement illustrées, l’ouvrage a tout pour séduire. D’autre part, son prix est très raisonnable compte tenu de son format et de son impression couleur (46,70 euros).
Que dire maintenant du fond de l’ouvrage?
Bien que le livre traite d’un thème bien plus vaste que celui du simple emploi de l’encens puisqu’il traite plus largement de l’usage des parfums et senteurs dans les civilisations antiques qui se sont succédées dans le bassin méditerranéen, une grande part de l’ouvrage reste tourné vers les usages quotidiens (qu’ils soient d’ordre religieux ou pas) de l’encens, des plantes, des baumes et des huiles sacrées (avec pour principal sujet d’étude la Grèce Antique, bien que les autres civilisations soient également abordées). Il parait néanmoins intéressant de signaler que dans l’antiquité, les parfums (au sens général) étaient toujours liés d’une manière ou d’une autre au divin. Aussi il convient de garder à l’esprit que l’ouvrage garde toujours une approche liée à la foi. Il s’agit d’un ouvrage très pointu, s’appuyant sur un grand nombre de sources différentes pour étayer les propos tenus dans l’ouvrage et ne pas risquer de tomber, comme tant d’autres l’ont fait jusque là, dans des interprétations erronées voire fantaisistes des traces dont nous disposons à l’heure actuelle sur les usages antiques des parfums sacrés.
On y découvrira ainsi les différents usages de l’encens (qu’il s’agisse ou non de résines), que ce soit dans le cadre des processions, des rituels et des rites (funéraires par exemple), des offrandes (dans les temples ou domestiques), les usages à caractère médical, mais aussi (et c’est moins connu), dans le cadre culinaire.
Bref, un ouvrage qui clairement n’intéressera que ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances historiques sur les usages de l’encens, ceux qui souhaitent les utiliser facilement dans leurs rituels sans se soucier de toute leur histoire n’y trouveront quant à eux pas grand intérêt. Les premiers, au contraire, y découvriront probablement des pistes de réflexions pour redonner plus de sens à leur usage des encens dans leur vie, et pour adapter leur emploi à l’évolution de notre monde moderne.
C’est un ouvrage que j’ai vraiment apprécié, et je ne peux donc que le conseiller à tous ceux qui songeraient à se laisser tenter…
