On m’a posé encore une fois la question il y a quelques jours. Les « outils » (au sens large) …. est-ce vraiment utile ?
S’il est bien un sujet qui revient de façon récurrente sur la table, c’est celui de l’importance du « matériel » (y compris non physique : incantations, heures planétaires etc.) en magie. A écouter certains auteurs et certains praticiens, RIEN n’est possible sans encens, sans bougies, sans le jeu des couleurs exactes, sans la bonne formule au mot prêt en ancien araméen, sans le positionnement planétaire adéquat… hum…
« SI LES ANCIENS L’ONT DIT, C’EST QUE C’EST LA VÉRITÉ ABSOLUE ET TOUT LE RESTE N’EST QUE MENSONGE !!! »
Hum hum.
Bon.
Mais qu’en est-il vraiment ?
Et si derrière ce questionnement légitime se dévoilait une réalité toute simple faisant écho à mon article d’il y a 15 jours, consacré à la place de la lecture en magie : Beaucoup de ceux qui donnent des conseils aujourd’hui (dans les livres, dans les vidéos, sur les groupes facebook etc.) n’ont aucune pratique réelle …
Même si l’étude commence à dater (plus de 10 ans maintenant), rappelez-vous que plus de 50% des gens qui se revendiquent « sorcière, sorcier, magicien/mage » avouent n’avoir jamais pratiqué ! (et quelque chose me dit que ce chiffre a aujourd’hui encore augmenté…). D’où l’importance de douter de tout ce que l’on peut dire et lire (et je le rappelle, ça vaut aussi pour mes propres propos ! Ne tombez pas dans le piège de l’argument d’autorité au prétexte que c’est moi qui le dit ! )
J’ai eu l’occasion d’en parler dans l’article sur La Place de l’étude livresque en magie, l’un des plus gros soucis de notre époque, c’est que les beaux parleurs qui enchaînent les formations, les livres, les vidéos youtube & les groupes facebook ont souvent bien moins de pratique réelle que les élèves qu’ils reçoivent, se contentant de répéter la bouche en cœur les propos (ou les techniques) qu’ils ont lu dans des bouquins écrits par des gens qui bien souvent faisaient de même, sans jamais en vérifier la validité réelle (donc sans jamais être certain que ce qui avait été dit avant n’était pas une bêtise répétée et enjolivée). L’argument d’autorité faisant foi, cela suffit pour justifier que de telles personnes deviennent pourtant formatrices et que des gens en suivent les enseignements sans s’apercevoir de la supercherie…
La culture a remplacé le savoir, et hélas beaucoup de « maîtres » d’aujourd’hui sont le fruit de lectures et de certitudes mal placées.
Aussi, il n’est pas rare de voir ces mêmes maîtres vous dire à quel point les correspondances sont IIIIndiiiiiispensables pour la pratique magiques, à quel point les couleurs sont la baaaaaase de l’efficacité magique, à quel point l’orientation du cercle est la baaaaase, à quel point l’incantation est importaaaaante, à quel point le respect de l’heure planétaire est indiiiiispensaaaable etc etc etc.
Bon, évidemment il y a des milliers de praticiens en chaos magick qui s’extraient de tous les systèmes, qui balayent tous ces « impératifs » et qui ont quand même des supers résultats (même en faisant des rites à Yoda ou Oncle Ben’s), mais bon, ça ne compte pas parce que ce n’est pas « Traditionnel » donc on s’en fou hun ?
Non ?
Non.
(je rappelle au passage que je ne me considère pas comme un praticien en chaos magick )
Dans les faits, tout praticien réellement expérimenté vous le dira : plus on avance dans la pratique, plus on apprend à se passer de tout l’apparat qui englobe la magie traditionnelle dite « rituelle ». La plupart des outils sont délaissés sans que cela n’affecte le moins du monde le résultat final. Pire même, il n’est pas rare d’obtenir des résultats beaucoup plus efficaces à mesure que l’on délaisse les techniques rituelles classiques. Pas parce que se passer des outils est plus efficace dans l’absolu (inutile donc de commencer par là, vous n’auriez probablement que peu ou pas de résultats !), mais parce que se passer des outils est la conséquence directe du développement des capacités du praticien, un développement qui est inversement proportionnel à l’importance qu’il accorde à la théâtralité du rituel.
Plus le praticien apprend à se reposer sur ses capacités personnelles, plus il délaisse les outils. Plus il pratique, plus il se rend compte que la plupart des outils l’encombrent plus qu’ils ne lui servent.
Et tel un testament philosophique, le praticien se dépouille du superflu pour ne conserver que ce qui compte vraiment pour sa pratique.
Un dépouillement qui l’amène bien souvent à ne plus utiliser grand chose… voire, pour certains, plus rien du tout (ce qui n’est pas forcément la bonne chose à faire).
Un constat qui en somme revient à dire que ce sont les « débutants » (qu’ils aient 3 mois ou 30 ans d’occultisme (d’apparat) derrière eux ) qui ne jurent que par le « matériel » (y compris non physique : incantations, heures planétaires etc.).
Alors, cela signifie-t-il que tout est inutile ?
Non, bien entendu !
Mais il faut COMPRENDRE l’origine réelle du « pouvoir » de chaque élément employé au cours d’un rituel pour en comprendre non seulement la réelle utilité, mais surtout pour comprendre comment l’utiliser réellement à bon escient.
Le principal problème aujourd’hui est que bon nombre de « praticiens »/auteurs/formateurs/spécialistes facebook se limitent à ce qu’ils connaissent et à ce qui a été dit et fait avant, s’imposant avec rigueur un scrupuleux respect des règles établies, sans jamais les remettre en question. Résultat, ce qui avait un sens à la base, dans un contexte précis et compris, se perd peu à peu. On répète tel un perroquet ce que d’autres suggèrent et l’on perd le sens des choses (d’où l’importance d’expérimenter et de remettre en question ses certitudes ou celles des autres).
C’est ainsi le cas pour la plupart des outils. Peu à peu, l’usage concret se perd et les outils deviennent de simples éléments inactifs d’une pièce de théâtre qui n’a plus d’autre effet que de mettre le praticien dans un état mental propice à la mise en mouvement des énergies nécessaires. Cela donne des résultats bien évidemment, mais des résultats qui s’obtiendraient, vous l’avez compris, sans avoir besoin de tout cela pour peu que l’on prenne la peine de comprendre comment tout fonctionne vraiment.
J’avais par exemple parlé il y a quelques années de l’athamé, outil majeur (et très utile) de la pratique magique dont l’usage a été totalement dévoyé depuis un bon moment, le rendant inutile dans sa configuration actuelle, mais bon nombre d’éléments, parfois moins concrets, sont de même.
Exemple : tout le monde s’attarde aujourd’hui sur la couleur des bougies (qui n’a strictement aucun intérêt si ce n’est pour vous vendre plus de bougies ) ou sur son symbolisme (tout aussi inutile concrètement
(au delà de l’impact psychologique)) et passe ainsi totalement à côté de l’usage réel de cet outil qui est lié uniquement à la matière de la bougie et à sa capacité à servir de condensateur (là aussi il y aurait des choses à dire à ce sujet vu les imbécilités qui sont racontées par
certains auteurs sans pratique réelle), en emmagasinant une charge qui va se libérer sous l’effet de la chaleur en fondant. Sauf que voilà, comme plus personne ne s’intéresse à la réalité de cet outil, tout le monde n’utilise plus que des bougies en paraffine & stéarine… des matériaux quasiment totalement isolants… ce qui le rend désormais inactif et ne sert plus qu’à la théâtralité. Vu que le problème se pose désormais depuis près de 2 siècles (puisque la bougie en stéarine existe depuis le début du XIXème siècle), certains se sont rendus compte qu’il y avait un raté quelque part, alors ils ont repris et adapté une pratique ancestrale et commencé à oindre leurs bougies avec de l’huile d’olive (qui est un bon condensateur) qui va venir partiellement combler les lacunes de l’usage de bougies en stéarine/paraffine… Pourtant, même ainsi, l’efficacité reste peu significative. On a donc un outil essentiellement symbolique aujourd’hui, et qui dans cette configuration, n’a donc pas de grand intérêt…
Beaucoup ne jurent que par les heures planétaires, dont j’ai déjà eu l’occasion de parler sur le blog et qui ont elles aussi été totalement dévoyées de leur sens (et utilité) réelle.
Je vous passerai le principe des analogies dont j’estime qu’une simple prise de recul et quelques minutes de réflexion devraient suffire pour comprendre…
Etc etc etc.
Certains répondront certainement « ouiiii le symbolisme c’est vachement important, c’est la base de la magiiiie » !
Non.
Si le symbolisme possède une action évidente et essentielle au développement de l’humain (notamment utilisé dans tous les ordres initiatiques), ce n’est pas la base de la Magie.
C’est la base d’une magie qui a perdu tout son sens, d’une magie qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, d’une magie transmise par des praticiens inexpérimentés qui n’y croient pas vraiment et considèrent (souvent sans même s’en rendre compte) que l’action est psychologique avant tout. Une magie qui au final n’en est plus.
Et je suis au regret de dire à tous ceux-là que la magie, ce n’est pas (que) ça, même si c’est devenu une espèce de norme aujourd’hui.
Bien sûr, bon nombre d’outils sont vraiment utiles, mais comme pour l’athamé (qui en fait partie) ou les bougies, ils ont pour beaucoup perdu leur sens et leur usage a été galvaudé, soit par ignorance, soit comme c’est hélas beaucoup le cas, par appât du gain (les encens en sont le parfait exemple mais je les traiterai spécifiquement dans un prochain article).
CONCLUSION
Alors, pour en revenir à la question du départ (après avoir pas mal digressé), NON, en soi les bougies, les couleurs, les outils, les incantations, les encens, les heures planétaires, les positionnements célestes, etc. ne sont absolument pas indispensables à la pratique magique, ni nécessaires pour obtenir des résultats concrets.
Toutefois, ils constituent le socle de base nécessaire à tout praticien qui a le besoin de faire reposer sa pratique sur le symbolisme, pour déclencher dans notre inconscient les mécanismes naturels permettant de mettre en branle les énergies nécessaires à la concrétisation d’un acte magique. Des mécanismes qu’il est possible d’apprendre à débloquer par soi-même, sans avoir besoin de théâtralité, mais qui exigent que l’on prenne la peine de travailler jusqu’à la parfaite maîtrise de ses capacités (je vous renvoie à ce sujet à la voie du mage).
Si je devais faire une comparaison, c’est comme comparer ceux qui ont besoin d’être guidés par une application pour faire une méditation, et ceux qui ont appris à méditer par eux-mêmes et qui n’ont besoin de rien. Cela n’empêche en rien les retombées positives de la première méthode, mais ils ont besoin d’un outil qui est inutile pour peu que l’on apprenne à pratiquer réellement la méditation, et seront éternellement cantonnés aux limites de leur outil, passant éternellement à côté de ce qu’est vraiment la méditation et de tout ce que cette pratique a réellement à offrir…
Libre à chacun ensuite de décider à quelle catégorie il souhaite appartenir (il n’y a alors rien de mal à faire partie de la première catégorie… tant que l’on ne se prétend pas spécialiste en méditation. A bon entendeur… )
Bonsoir,
J’ai toujours cru pour ma part que les heures planétaires et le cycle de la lune étaient indispensables car il y avait un moment propice (référence à l’astrologie en fait) à certaines énergies pour pouvoir les manipuler.
Merci pour cette précision.
Mais du coup, cela marche-t-il avec les plantes et les pierres ? Puis-je prendre un quartz rose pour m’attirer la chance à un examen ?
Je pense que vous avez mal compris le sens de mes propos. Je vais l’expliquer différemment.
Prenons un exemple. Si vous allez en magasin acheter un produit à 200 euros et qu’on vous dit qu’il faut le programmer et le charger pour qu’il fonctionne, alors c’est une arnaque. Autant ramasser un cailloux dans la rue, gratuit, le programmer et le charger et il donnera alors exactement le même résultat.
Maintenant le but est justement de ne pas avoir à faire tout le travail soi même, et pour cela on peut s’appuyer sur les propriétés intrinsèques réelles d’un objet. Ainsi, certes vous pouvez utiliser n’importe quelle pierre pour attirer la chance à un examen, puisqu’une programmation suffira pour avoir cet effet. Mais si vous choisissez une pierre dont les propriétés naturelles vont dans le sens de votre objectif, alors les résultats seront facilités.
Les outils n’ont jamais rien d’indispensable, mais on comme je le disais en conclusion, choisis intelligemment et en s’appuyant sur leur réel usage (et non pas ce qu’on se plaît à imaginer), ils peuvent permettre de faciliter la vie et d’amplifier les résultats
Bonsoir,
Ah, ok ! Je comprends bien mieux vos propos maintenant. Merci pour votre réponse, cela m’aide réellement dans ma démarche de mieux comprendre la magie et son fonctionnement.
Merci et bonne soirée.
Une fois, tu m’avais dit que pour chasser une entité, il était indispensable d’avoir son nom, son type, et de savoir de quel plan elle vient.
Je ne connaissais rien de tout ça, j’ai pourtant réussi à chasser l’entité avec un rituel.
La base de tout acte magique n’est ni des paroles, ni des noms, ni des informations. La base, c’est l’intention, la pensée.
Hum je pense qu’il y a méprise, je n’ai jamais soutenu l’idée que pour chasser une entité il fallait son nom, tu dois confondre avec quelqu’un d’autre je pense :-/ (d’autant que « de quel plan elle vient » est à des années lumière de ma philosophie en terme de compréhension des densités énergétiques :-/ ) (ou alors mes propos n’étaient pas clairs et n’ont pas été compris, ce qui est aussi tout à fait possible)
En traque on accède très rarement au nom réel de l’entité, et ça n’empêche en rien de se débarrasser d’elle en cas de souci.
Je m’excuse, en effet, ce n’était pas pour ça que tu m’avais dit cela, c’était pour me débarrasser d’un mauvais sort. Toi et ta compagne de l’époque m’aviez dit qu’il fallait que je connaisse le type de magie utilisée, et le type de sort. Par la suite, je suis parvenu à me débarrasser d’un sort sans rien connaitre sur lui.
Ha en effet, c’est différent. Connaître l’origine et le type d’envoutement peut être très important, pas pour le supprimer (parce que c’est une simple destruction de charge) mais surtout pour éviter qu’il ne se reproduise. L’un des principaux risques quand on lève un envoutement c’est que ce ne soit que temporaire (par une sorte de relance automatique notamment). Trouver ce qui a été fait concrètement permet d’éviter ce genre de souci en privilégiant soit un désenvoutement, soit un contre-envoutement voire un contre envoutement triangulaire. Après je suis heureux que tu sois parvenue à t’en débarrasser et que ce ne soit pas revenu, c’est le plus important
Bonjour Arnaud,
Merci pour les infos ici partagées.
Juste une question touchant le sujet de ce dernier post:
- Peut-on se désenvouter efficacement seul ? si oui, comment s’y prendre ?
Merci
Bien sûr, par exemple au moyen de techniques de désenvoutement triangulaire, mais tout est question d’expérience. Sans cette technique et pratique en amont, une tentative de désenvoutement peut être dangereuse, au point qu’au final cela peut même aggraver la situation. Mieux vaut donc être prudent et réaliste face à ses propres connaissances
Super article, c’est rare de trouver des sites internet qui investissent (vraiment) leur partie blog. (J’ai découvert votre site après des recherches sur Jodorowsky qui m’ont amené ensuite vers l’importance de l’encens indiens puis vous…^^)
SI je peux me permettre, je dirai qu’il est tout de même pertinent d’accorder un tout petit peu d’importance à ces accessoires ne serait que pour la procédure. Intégrer un rituel avec des accessoire par exemple, n’est il pas un bénéfique pour la magie de manière générale ?