L’un d’entre vous, suite au sujet sur la divination inductive et intuitive, m’a demandé plus d’explications sur certaines pratiques listées au cours de ce sujet.
Aussi, je me suis dit qu’il serait bon de faire un nouveau texte sur certaines des méthodes divinatoires méconnues ou oubliées, qui furent pratiquées pendant des milliers d’années par nos ancêtres.
Cette liste ne saurait bien entendu être exhaustive, des centaines de méthodes ayant été développées à travers les ages et les continents. Nous nous attarderons donc sur celles dont on s’est apercu qu’elles étaient pratiquées dans de multiples régions.
La Géomancie
Bien que revenant un à la mode en occident depuis une centaine d’années grace aux travaux de certains auteurs, la géomancie est une mantique méconnue, qui consiste traditionnellement à interprêter des figures constituées de points obtenus par le jet de petits cailloux dans le sable (les arabes lui donnaissent le nom de pratique consistant à « frapper le sable »). La méthode a évolué au fil du temps et peut être pratiquée de nos jours avec un simple stylo et un papier, en tracant 16 lignes de points sur une feuille de papier. En utilisant les points qui terminent, on construit alors des figures qui, au fur et à mesure de leur construction, donnent la réponse à la question posée.
La Bélomancie
Cette méthode, tombée en désuétude depuis longtemps, désigne la divination par les flèches. Elle semble avoir été pratiquée par la plupart des peuples antiques, bien que les traces soient peu nombreuses. Saint Jérome, nous en décrit le processus:
« Il s’arrêta sur le carrefour et consulta l’oracle, placant des flèches dans son carquois et les mêlant, après les avoir inscrites et marquées des noms de ses adversaires afin de savoir laquelle sortirait, puis quelle ville il devait attaquer ».
Cette pratique est probablement une évolution de la méthode que nous allons voir ensuite.
La Cléromancie
La cléromancie, ou divination par les sorts, consiste en principe à utiliser le hasard pour connaitre la décision divine. On comprend donc que beaucoup de pratiques divinatoires pourraient rentrer dans cette case. Pourtant, si on remonte aux origines du terme, le mot « sortis » désigne exclusivement des petites baguettes de bois gravées des lettres ou des mots qui seront jettés sur une plane pour répondre à la question posée. Ainsi la fameuse phrase « le sort en est jetté » qui a perduré à travers les âges.Bien que l’on attribue cette pratique principalement aux perses ou aux akkadiens, il est fort probable que cette technique soit une évolution d’une pratique plus ancienne développée chez les scythes. Hérodote nous livre quelques commentaires à ce sujet:
« Les devins sont en grand nombre parmi les Scythes, et se servent de baguettes de saule pour exercer la divination. Ils apportent des faisceaux de baguettes, les posent à terre, les délient, et, lorsqu’ils ont mis à part chaque baguette, ils prédisent l’avenir. Pendant qu’ils l’ont ces prédictions, ils reprennent les baguettes l’une après l’autre, et les remettent ensemble. Ils ont appris de leurs ancêtres cette sorte de divination. Les Enarées, qui sont des hommes efféminés, disent qu’ils tiennent ce don de Vénus. Ils se servent, pour exercer leur art, d’écorce de tilleul : ils fendent en trois cette écorce, l’entortillent autour de leurs doigts, puis ils la défont, et annoncent ensuite l’avenir. »
L’Ornithomancie
Cette méthode, oubliée depuis longtemps, consistait à tirer des présages de la rencontre, du cri, du comportement ou du vol des oiseaux. Les étrusques semblent avoir été parmi les plus fervents adeptes de cette pratique (bien qu’elle ait été très répandue), qu’ils ont savamment codifié. On utilisait cette méthode pour rendre les augures, certains oiseaux étant de bonne ou de mauvaise augure (de là l’expression « oiseau de mauvais augure »)
A chaque type d’oiseau correspondait une sphère d’influence particulière. Pline nous donne plus d’informations à ce sujet: L’épervier sera par exemple connu pour transmettre « des présages tout à fait excellents pour les mariages, les affaires ou l’argent« .
L’ornithimancie divisera les familles d’oiseaux en deux catégories: les alites (ceux dont on interprête le vol) et les oscines (ceux dont on interprête le cri).
Une pratique alternative de l’ornithomancie est l’alectryonomancie, pratique consistant à utiliser un coq sacré que l’on introduisait dans un cercle représentant les lettres de l’alphabet sur lesquelles on mettait quelques graines de blés. L’animal, en picorant les grains, permettait de composer des mots qui donnaient ainsi la réponse à la question posée.
L’Extispicine ou Haruspicine
Voilà une méthode encore pratiquée dans certaines régions du monde mais qui chez nous a perdu ses lettres de noblesses. L’extispicine, ou divination par les viscères, fut pourtant considéré dans l’antiquité comme l’une des plus importantes pratiques divinatoires. Pas un roi antique ne partait en guerre sans que l’on ait pratiqué le sacrifice rituel d’un animal et lu l’avenir dans ses entrailles.
Cette pratique consistait donc à sacrifier un animal choisi spécifiquement en fonction de certaines caractéristiques (type, age etc…) tout en effectuant un rituel précis offrant l’animal aux dieux.
Porphyre donne trois raisons possibles à la modification anatomique des entrailles de l’animal pour permettre une interprêtation:
_La divinité elle même modifie les organes de l’animal
_Un génie le fait à la place de la divinité
_L’âme de l’animal sacrifié, en quittant le corps, laisse la trace de sa pensée sur les organes.
Chez les romaines et les étrusques, l’extispicine porte le nom d’Haruspicine, nom le plus connu que nous continuons à lui donner aujourd’hui, qui provient de l’étrusque haru, entrailles, et spicio, « je regarde », et fut là aussi considérée pendant longtemps comme l’une des principales méthodes de divination. Un collège fut à l’époque créé visant à former des haruspices pour répondre à la très forte demande. Néanmoins, cette trop forte demande finit par engendrer un effet pervers, où les haruspices passèrent pour des charlatants et finirent par être bannis. Quelques uns, reconnus pour leurs talents, continuèrent néanmoins à exercer et à conseiller les empereurs jusqu’à la chute de l’empire romain.
L’Hépatoscopie
Cette méthode faisant partie de l’extispicine consiste plus spécifiquement à l’examen du foie pour déterminer la réponse à la question posée. On y analyse tous les signes anormaux présents sur la partie concernée: traits anormaux, dessins, excroissances etc…
Un très important travail a été réalisé par les babyloniens, principaux utilisateurs de cette méthode, qui avaient poussé la connaissance de cette pratique à son paroxisme, en reproduisant des foies en argile présentant les différentes parties, les signes les plus courants, les anomalies et leurs symbolismes.
L’Empyromancie
Cette méthode faisait là encore partie de l’extispicine, et consiste en l’interprêtation de la hauteur des flammes, de leur couleur, du crépitement du feu, de l’apparition de fumées, issus de la combustion des entrailles des animaux utilisés au cours de l’extispicine.
L’Hydromancie
Méthode consistant à interprêter la forme que prend de l’eau répandue sur une surface plane. On cherchait le plus souvent à rapprocher des formes à celles d’animaux, permettant ainsi d’en tirer des conclusions sur le côté bénéfique ou maléfique du présage.
La Pyromancie
Méthode consistant à interprêter et analyser la forme des flammes, leur couleur ete leur hauteur pour en tirer des présages. Certains types de bois spécifiques étaient généralement utilisé, et il n’était pas rare qu’il s’agisse d’un bois consacré à la divinité spécifique interrogée.
La Lécanomancie
Une méthode peu connue qui semble avoir été pratiquée dans de nombreux temples antiques depuis au moins -2000 Av JC, bien que les allusions y soient peu nombreuses. La lécanomancie est la divination par les bassins, elle consistait à répandre une petite quantité d’huile sacrée dans un bassin ou dans un vase rempli d’eau. L’huile, plus légère que l’eau, flottait à sa surface en créant des figures qui étaient ensuite interprêtées.
Voilà quelques pratiques divinatoires aujourd’hui tombées en désuétude. Encore une fois, il en existe encore bien d’autres. Si vous entendez parler d’une divination qui vous est inconnue, n’hésitez pas à m’en faire part, je la rajouterai dans la liste
La mancie par les flèches existe toujours en Chine, et est même très utilisée. Bien sûr, aujourd’hui, il n’y a plus de flèches, mais des tiges de bambous dans un pot, et sur chacune d’entre elles, un message est écrit.
Ces instruments (j’en possède un, avec ses 64 tiges) se trouvent généralement dans les temples, où, chaque fidèle prie, et médite. Après une offrande en encens, il est possible de tirer l’oracle. Je ne sais si tu ranges cette méthode dans la cléromancie.
je pense qu’effectivement ca y a plus sa place que dans la bélomancie, cela dit merci pour l’info
Personnellement j’ai un faible pour la géomancie dont je me sers parfois.
Et je pratique la lécanomancie (je ne savais pas que ça s’appelait ainsi,je me coucherai moins bète ce soir!).Les traditions ne sont vivantes que si elles sont transmises.
J’aime bien aussi la « baba-au-rhumomancie »,mais je ne la pratique pas assez souvent à mon goùt…
Et la divination par le vol de mouches alors, heiiiiin ? Baal Zebub, tout ça, tout ça ?
Un article qui prouve que la divination n’est pas une mode mais est un art divinatoire de très longue date